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Articles sur Montherlant (hors presse)97. Quand Henry de Montherlant fuyait les jeunes filles, par Odette Pannetier
“J’aurais voulu lui dire à quel point ses œuvres m’irritaient, surtout du fait qu’ayant commencé à les lire, je ne pouvais plus les quitter avant d’être parvenue la rage au cœur à la fin.” (Odette Pannetier) IntroductionNous ne résistons pas à insérer dans le site Montherlant l’article paru dans Opéra, hebdomadaire du théâtre, du cinéma, des lettres et des arts, en date du 6 octobre 1948. Cet article moqueur, et finalement assez drôle car excessif, est écrit par Odette Pannetier qui fut membre et la seule femme du premier Jury Théophraste Renaudot, et l’auteur de plusieurs livres oubliés dont plusieurs guides gastronomiques, tels que :
Odette Panetier veut régler son compte à Montherlant et le ridiculiser. Cela montre encore une fois l’incroyable “excitation” de très nombreuses femmes à l’égard de l’auteur des Jeunes Filles qui, toute sa vie, fut poursuivi soit par des femmes folles d’amour pour lui, qui le harcelaient ou le couvraient de lettres, soit par des harpies féministes qui le détestaient à la suite de Simone de Beauvoir et l’insultaient. Odette Pannetier fait partie de la dernière catégorie : celle des ennemies de Montherlant ! Quand Henry de Montherlant fuyait les jeunes filles“Doué d’une taille honnête, paraît-il, il m’apparut petit peut-être parce qu’il est trapu. Il a un visage rond et rose, l’œil dénué de gentillesse. Il fait penser d’abord à un santon de village, en plâtre bien raide, auquel l’enfant chargé de le peindre a voulu donner l’œil fatal. Ensuite on s’aperçoit que cette comparaison est fausse. Il est plutôt figé dans le contentement de lui-même comme un œuf mollet dans sa gelée. Il ne lui manque que les deux feuilles d’estragon ? Ça lui viendra plus tard quand il sera académicien. Si seulement je m’amusais à indiquer à toutes ces dames qui viennent pour lui où c’est qu’elles peuvent le trouver… Ah ! houille! houille! … J’arriverais seulement jamais à faire cuire tranquillement mon frichti… Et puis, vous pensez bien qu’il a d’autres domiciles, poursuivi comme il est par toutes ces folles… Et elle m’examina enfin, cherchant à savoir, pour satisfaire son opinion personnelle, si je faisais partie du contingent. Si nous allions plutôt au Pavillon Dauphine ? Cette offre était un ordre. Moralement, je me mis au garde à vous pour acquiescer. Ces officiers ? Des soudards, des reîtres. Ils ne pensent qu’à boire, qu’à trousser les filles ou, pire encore, les fatmas. Leurs seules capacités intellectuelles consistent à jouer au bridge. Ils ne sont rien. Ils n’existent pas. On ne peut que les abandonner comme un clochard sur son banc. Pour celui-ci, c’est pour une nuit. Pour eux, il s’agit de toute la vie… J’étais bien gênée. Je hochais la tête. J’aurais voulu que cette conversation n’eût jamais eu lieu. Oui… bien sûr…dis-je, il y a du vrai dans ce que vous dîtes…Toutefois il y a peut-être parmi ces officiers des exceptions qui…on ne sait jamais… Il s’entêtait. Son teint rose passait au cramoisi. Une femme qui osât contredire un Henry de Montherlant cela pouvait-il donc exister ? Je vais vous dire…je suis un peu juge et partie. Je suis fiancée à un capitaine de tirailleurs marocains… Il changea une fois encore de teint, but une lourde gorgée de thé au citron, puis s’embarqua dans un discours assez long. En résumé, les officiers, et plus particulièrement les officiers de l’armée d’Afrique, étaient tous des héros, des saints dont pouvait, à juste titre, s’enorgueillir la France. Il ne s’arrêta que lorsqu’il fut à bout de souffle. Cela se fit attendre un peu.
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