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Articles sur Montherlant (hors presse)

80. Deux prêtres face à Montherlant ou le renvoi du Collège Sainte-Croix à Neuilly en 1912
par Henri de Meeûs

“ Je ne me suis jamais désintéressé de Henry de Montherlant.
Je n’ai jamais réussi non plus à lui faire saisir le sens chrétien de la vie… ”

(Mgr Petit de Julleville, lettre à R-G Nobécourt, 31 octobre 1941)

“ Nous n’ignorons pas que, reprenant en 1951 les mêmes souvenirs dans son théâtre pour La Ville dont le prince est un enfant,
Montherlant a donné de Sainte-Croix et de ses préfets une impression différente en la précisant dans une interview à Match.
Mais si la plupart des allusions sont exactes, l’essentiel est faux. En mêlant, pour les besoins de sa pièce, du faux au vrai et la passion au dévouement, il semble que l’auteur ait vu, à trente ans de distance, les choses à travers les déviations de sa propre conscience. ”

(Mgr de la Serre, Le Cardinal Petit de Julleville, page 110, Plon, 1955)

“Qu’on cesse donc de papoter sur les “ modèles ” et les “ similitudes”.
Ces papotages ne font qu’ajouter un peu de faux à tout le faux dont nous sommes entourés et couverts.”

(Préface de Montherlant pour Les Garçons, Gallimard 1969).

Note préalable

Ceux qui ont lu Montherlant savent qu'un des épisodes les plus importants de sa vie fut son renvoi du collège Sainte-Croix de Neuilly durant le printemps de 1912, à la fin de sa seizième année, alors qu'il était en dernière année d'études et à la veille de ses examens.
Que s'était-il réellement passé ? Montherlant a développé les circonstances de ce renvoi dans sa célèbre pièce "écrite à genoux" La Ville dont le prince est un enfant (1951) dont le ton est irénique, et dans son gros roman Les Garçons, publié en 1969, plus réaliste, trouble, grinçant et sombre.
Il ne faut pas oublier que Montherlant, s’il est romancier et dramaturge, est essentiellement un poète tragique. La Ville et Les Garçons sont inspirés peut-être par des faits vrais, mais ils sont déformés, magnifiés ou exagérés par le génie littéraire pour aboutir à deux chefs d’œuvre d'une intense beauté et d'une inquiétante psychologie.
Montherlant écrit La Ville et Les Garçons à partir d’éléments biographiques vécus, transposés, inventés et réinterprétés par sa sensibilité. C'est sa cuisine littéraire. Il ne doit pas donner la recette. Il est stupide de prétendre, comme l’affirment certains mal intentionnés, que tout ce qu’il a écrit dans ses deux livres reflète sa stricte biographie.

Montherlant souligne dans la préface (1969) des Garçons :

Je commençai Les Garçons en 1929, en rédigeai cinquante pages, puis m’arrêtai, remettant ce travail, comme je remettais l’achèvement de La Ville, à un temps où mon esprit et mon expérience seraient plus mûrs, surtout pour faire la peinture des prêtres.
Ce temps vint en 1951 pour
La Ville, en 1965 pour le roman. C’est ainsi que sont nés Les Garçons, fils de La Ville.
Or, il arriva qu’en 1932 un personnage d’une grande distinction d’esprit, bien plus âgé que moi, de qui j’avais fait connaissance, me donna, sur les coutumes de certain collège de la province française, où il avait été élevé – environ les années 1880-81 – des détails si extraordinaires, et justifiant si bien ce que j’ai toujours pensé, du réel plus invraisemblable que la fiction, que je conçus d’en faire, le jour venu, profiter mon roman ; il perdrait ainsi de plus en plus le caractère autobiographique de
La Ville, sans pour cela devenir une œuvre d’invention pure, puisque d’un côté comme de l’autre les éléments en seraient fournis d’abondance par la réalité. Je pris des notes sur ce que me racontait mon interlocuteur. Ainsi se préparait le présent roman, qui serait fait avec des souvenirs, avec de l’information, et avec de l’imagination (…).
Comment un auteur de fiction forme-t-il ses personnages. ? Comme un arbre forme ses ramures. Il y a bien au départ un germe. Mais à l’extrémité les ramures n’ont plus nulle ressemblance avec le germe. Encore les ramures de l’arbre gardent-elles quelque chose de la sève initiale, tandis que le personnage de fiction ne garde même pas toujours un élément de ce qui fut son germe. Qu’on cesse donc de papoter sur les “ modèles ” et les “ similitudes ”. Ces papotages ne font qu’ajouter un peu de faux à tout le faux dont nous sommes entourés
et couverts.

Donc cet article n'a pas pour but de coller le visage de l'abbé de Pradts sur celui de l'Abbé de la Serre, préfet de discipline et des études de Sainte-Croix en 1912, qui deviendra un prélat de Sa Sainteté, ni d'identifier le personnage de l'Abbé Pradeau de la Halle le Supérieur à celui de l'Abbé Petit de Julleville, supérieur de l'école Sainte-Croix en 1912, qui sera Archevêque de Rouen et plus tard, en 1946, Cardinal de l'Eglise catholique sous Pie XII, ni de prétendre qu’Alban de Bricoule, l’élève qui sera renvoyé, est le double exact d’Henry de Montherlant !

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Montherlant a vécu à 16 ans un affrontement avec deux esprits éminents. Le renvoi de Sainte-Croix est un fait biographique incontestable et restera pour lui un des évènements capitaux de sa vie. Il en nourrira son existence, son œuvre, et peut-être sa mort.

I. L'adolescent Montherlant

Henry de Montherlant est un fils unique. Enfant et adolescent, il vit dans une villa à Neuilly avec son père Joseph et sa mère Marguerite, avec sa grand-mère la vicomtesse de Riancey née Potier de Courcy, avec son grand-oncle le baron Pietro de Courcy, avec son oncle Noute (le vicomte Henry de Riancey, frère de sa mère), sans compter la domesticité.
Le grand-oncle Pietro et l'oncle Noute sont deux spécimens d'aristocrates qui refusent le travail, les relations mondaines et qui manquent d'argent. Ce sont des "rebelles" qui ont sans doute montré à Henry une vision du monde caractérisée par une horreur des mondains et des conventions sociales. Montherlant, lui aussi, détestera le monde, les réceptions et les vanités. Il aimait la solitude et la compagnie de gens simples. Dans sa correspondance avec son amie Elisabeth Zehrfuss, il qualifiait d’ailleurs les mondains de cachalots.

Sa mère et sa grand-mère l'adorent. Henry qui a des dons extraordinaires d'écriture remarqués très tôt par ses professeurs, n'est pas étouffé par son éducation, mais il est lucide, vif, orgueilleux, rebelle, ce qui ne plait pas à son père le très classique Joseph de Montherlant, petit fonctionnaire aux apparences conventionnelles, respectueux des usages, qui considère un peu son fils Henry comme un monstre ! Si une grande complicité existe entre Henry, sa mère et sa grand-mère, ce ne sera pas le cas du père avec son fils. Les deux hommes vivent sur des planètes différentes. Ce que dira le père n'intéressera guère le fils.

Henry a donc reçu une éducation stricte de petit aristocrate bien élevé, costume marin, baisemain, gouvernante qui l'accompagne pour aller en classe le matin jusqu'à ses 14 ans. Mais en même temps, il vit avec ses deux oncles, êtres hors normes, déclassés, qui ne craignent pas d’exprimer sans retenue leurs façons de penser contraires aux conventions du milieu aristocratique.

Montherlant à 15 ans.     Montherlant à 17 ans.     Philippe Giquel à 17 ans.

Montherlant, né en avril 1895, élève externe à Sainte Croix où il est entré quelques mois avant son renvoi, va ressentir durant cette courte période (septembre 1911 à mai 1912) une “ flamme ” pour un adolescent d’une autre classe, âgé de 15 ans, né en 1897, Philippe Giquel, élève paresseux et sauvage, personnel et original, un peu cancre, jamais coiffé, négligé, aux réflexions très libres. Giquel charme le jeune Montherlant qui vivra avec cet ami une courte passion adolescente de quelques semaines. Pour Montherlant, ce sera l'amour le plus pur de sa vie, un amour qu'il n'oubliera jamais, dont il ne rira pas, qui soutiendra une grande partie de son œuvre et qui, à la fin, à quelques mois du suicide, viendra le visiter encore une dernière fois sous la forme d'un rêve qui va le bouleverser, lui l’académicien au sommet de la gloire. Ce rêve sera une dernière consolation, celle de retrouver durant quelques instants le visage de son ami.
Durant les dernières années de sa vie, Montherlant souffre de vertiges, il est presque aveugle, il est sombre, “ crépusculaire ”, désespéré, amer et incompris, moqué par la Gauche, attaqué par l’ignoble Roger Peyrefitte qui le hait, et sera bientôt trahi par son biographe attitré l’hypocrite Pierre Sipriot qui, du vivant de l’écrivain, a bien caché son jeu, maniait l’encensoir du biographe officiel, mais qui, dès la mort de Montherlant, entreprit de rédiger une biographie scandaleuse, obsédé par la sexualité de l’écrivain n’hésitant pas à l’alimenter des ragots venimeux de Roger Peyrefitte à qui il aura le culot de dédier le second tome de sa biographie. Qui à cette époque défendra Montherlant ?
Montherlant le reclus, trop de fois blessé, moqué, voyait venir la Calomnie et la Haine, les deux vautours qui, après sa mort, déchiquetteront son cadavre. Il préféra le suicide (cyanure et revolver) le 21 septembre 1972, refusant ainsi le “ naufrage de la vieillesse ”, la dépendance, et les temps infâmes qu’il annonçait.

Le dossier : Pourquoi le renvoi de Sainte-Croix ? 

Explication dans La Ville dont le prince est un enfant:

“Le préfet de la division des moyens, l’abbé de Pradts, se montre plein d’indulgence pour un élève de troisième, Serge Souplier (14 ans). Or, une amitié s’est nouée entre Souplier et un élève de philosophie, André Sevrais (qui est Alban de Bricoule dans Les Garçons),16 ans, et l’abbé la voit d’un fort mauvais œil. Il travaille à séparer les deux garçons, et réussit à faire exclure du collège Sevrais. L’abbé triomphe, mais pour peu de temps. Le supérieur du collège, l’abbé Pradeau de la Halle, exclut aussi Souplier, et s’en explique avec l’abbé de Pradts en une scène, qui est, à coup sûr, l’une des plus étonnantes du théâtre de Montherlant. C’est sur la troublante figure de l’abbé de Pradts qu’est nouée cette pièce dépouillée, tout en mouvements intérieurs et d’un inoubliable accent”. (Henri Perruchot, Montherlant, Nrf, p.133).

Cette pièce si pudique, si retenue, fut travaillée dès 1913 par Montherlant et portée par lui durant des années.
Il montra la plus grande prudence avant de la publier en 1951, et plus tard à la faire jouer. Il s’entoura d’avis d’autorités ecclésiastiques, dont celui de l’archevêque de Paris, Mgr Feltin, qui lui conseilla d’attendre pour la faire représenter

Ceux qui caricaturent Montherlant aiment dire : il s’agit d’une histoire d’amitié particulière qui a mal tourné, d’où le renvoi du collège. Non, c’est plus compliqué. Ces deux amis sont dans un collège qui, apparemment est assez relâché dans les mœurs, car il y a des contacts entre élèves plus jeunes et plus âgés. Les deux adolescents qui s’aiment sont victimes de la jalousie de l’abbé de Pradts qui veut que Sevrais cesse toute relation avec Souplier, son protégé, mais il ne le lui dit pas franchement.

L’amour de Sevrais n’est pas de l’amour-passion; Sevrais en a d’ailleurs conscience et l’affirme avec force. Il est une juxtaposition d’affection tendre et de sensualité, ce qui ne fait pas de l’amour-passion. (Montherlant, Notes, Pléiade, Théâtre, p.828)
L’abbé de Pradts aime Souplier, l’attrait sensuel est évident, (mais dit Montherlant : l’attrait subi n’est pas un délit, pénalement, et chrétiennement, n’est pas un péché.” (Pléiade, p.827, Notes).
Mais l’abbé de Pradts n’a jamais cédé à des actes condamnables, et il n’y a aucune raison d’en douter. Le texte de Montherlant est très clair. “Il n’y avait pas à le purifier (cet amour)” (…) “S’être si sévèrement et continuellement surveillé”, etc…Le supérieur, exigeant qu’il ne revoie plus Souplier, dit d’ailleurs : “Ce n’est pas une punition, c’est une précaution.

Voyant que leur amitié indispose l’autorité du collège, Sevrais et Souplier décident de modifier leur relation, et de renoncer aux actes, afin que leur changement de vie soit aussi un exemple pour les autres camarades.
Les deux garçons sont surpris dans la resserre (acte II) par l’abbé de Pradts, au moment où ils discutent de leur nouvelle vie; l’abbé de Pradts en profite pour faire renvoyer Sevrais, persuadé que cette amitié sensuelle n’a pas cessé.
Il y a donc une erreur d’interprétation commise par beaucoup. Cette pièce montre que Sevrais et Souplier sont prêts à faire le sacrifice des actes, pour vivre une amitié pure et renouvelée. Mais l’autorité qui voit le mal partout, conclut immédiatement que, s’ils s’enferment dans la resserre, ce n’est pas “pour attraper des mouches”.

Ce renvoi de Sainte-Croix, le fait d’être déconsidéré et humilié parmi les élèves, lui le plus brillant, lui le plus admiré, alors que ses intentions étaient pures, marquera Montherlant à tout jamais. Cette exclusion sociale fera de lui, certainement, un homme méfiant pour qui l’amour est quelque chose de dangereux et de risqué, même si toute sa vie, “il n’a pu qu’aimer”. Les prêtres saccagèrent un cœur, un amour, d’un jeune encore désarmé. On comprend la colère de Madame de Bricoule (la mère d’Alban dans Les Garçons), quand elle apprend que le collège se sépare de son fils.

- “Tu es renvoyé ?
- Oui.” (…)
“Quels saligauds ! dit Mme de Bricoule. Tu n’as jamais rien compris à cette histoire. De Pradts était jaloux de toi et t’a laissé t’enferrer pour avoir un fait qui lui permettait le renvoi. Si au moins il avait agi avec des armes loyales…
- Oh ! Vous savez, quand on est dans une passion !
- Prends garde ! Tu obéis à un mouvement de vanité en te donnant les gants de ne pas lui en vouloir.”
Alban haussa les épaules. Elle continua :
“Les prêtres, les religieux, c’est une vaste blague. Ils sont exactement pareils aux autres. Ni pires ni meilleurs : pareils. C’est comme cela qu’ils sont menteurs, fourbes, légers, snobs, mufles (pourquoi, par exemple, ne peut-on dire de tel religieux qu’il est un mufle ? Et pourtant, Dieu sait si j’en ai connu qui…) (…) Ce qui est grave, c’est que par leur soutane ou leur robe, ils font croire qu’ils sont meilleurs, alors qu’ils ne le sont pas : ils vivent dans un perpétuel abus de confiance, ils vivent dans la fausseté… Et ils “connaissent les âmes” ? Qu’est-ce qu’ils en peuvent connaître puisqu’ils ne connaissent rien de la vie ? Peut-être qu’ils connaissent les mioches, mais juger des foyers, des mariages, des adultères, il y a de quoi rire ! Ce sont de pauvres types, et il y a des familles qui remettent tout de leur destinée, et de la destinée de leurs enfants, à ces zozos ! C’est monstrueux.”
Alban écoutait scandalisé.
(Pléiade, Les Garçons, Romans II, p.701-702)

État-major et personnel enseignant de Sainte-Croix, en 1912.
L’essayiste Paul Archambault, professeur de philosophie de Montherlant, et l’abbé Petit de Julleville sont au premier rang (respectivement 2e et 6e à partir de la gauche). L’abbé de La Serre est au deuxième rang, 5e à partir de la gauche

II. Qui est l'abbé Barbier de la Serre ? Un modèle de l’abbé de Pradts ?

Naissance et famille

Barbier de la Serre.

René Barbier de la Serre est né en 1880 (15 ans avant Montherlant) et est mort en 1969 (3 ans avant Montherlant). Sa famille est noble, et membre de l'Association de la Noblesse française (ANF) :

  1. Son père Roger Barbier de la Serre est né en 1841 au château de Busenval; il est ancien élève de l'Ecole des Chartes, devient Auditeur à la Cour des Comptes en 1866, puis conseiller référendaire en 1877. Il sera chevalier de la Légion d'honneur et meurt en 1914.

  2. Sa mère Louise Marie de Fréville de Lorme est née en 1849 et décède en 1933.
    On notera qu'une des sœurs du père de Montherlant, Marie de Montherlant (1872-1941) a épousé en 1898 un Albert de Fréville. Ce couple eut une descendance.
    On pourrait donc supposer que Montherlant a un oncle de Fréville, et que l'abbé de La Serre a une mère de Fréville. Mais est-ce la même famille de Fréville ?
    Cette curieuse coïncidence n'empêchera pas l'affrontement entre l'abbé et le jeune Henry. Se savaient-ils parents ? On peut le supposer. Peut-être que les Fréville eurent à subir le snobisme de la mère de Montherlant ? Cela ne pardonne pas.
    La famille de Fréville est une famille originaire de Normandie, maintenue noble par un jugement (11 juillet 1667) de noblesse rendu par Basin de La Galissonnière, Intendant de la Généralité de Rouen (Voir : Armorial de France et Armorial de l'Association de la noblesse française).

  3. Les grands-parents paternels de l’abbé de la Serre sont Ernest Gustave Barbier de la Serre (1807-1872) et Pauline Rhone (1812-1884).

  4. Les grands-parents maternels sont Charles-Ernest de Fréville de Lorme (1811-1855) et Marie-Sophie Villermé

  5. Les arrière-grands-parents de l’abbé de la Serre sont :
    - Nicolas de la Serre (1771-1862) époux de Sophie de Beaussier (1783-1849)
    - Evrard Rhone (1782-1861) époux de Sophie Mathieu de Quenvignies (1780-1842)
    - Jean-Baptiste de Fréville de Lorme (1770-1832) époux de Caroline Passerat (1791-1875)
    - Louis-René Villermé (1782-1863), docteur en médecine et membre de l'Académie des sciences morales et politiques. Il effectuera pour le compte de cette Académie plusieurs enquêtes sur le milieu ouvrier de l'industrie textile de la région de Mulhouse. Il épousera Sophie Morel d'Arleux (1790-1851).

    La famille Barbier de la Serre, noble, est originaire de Guyenne (Agenais).
    Le 12 octobre 1782, elle reçut aussi un certificat de noblesse pour les sous-lieutenances délivré par Chérin. Certains de ses représentants furent au 17ème et 18ème siècle : Avocat au Parlement de Bordeaux, Conseiller à la Cour des Aides d'Agen, Conseiller à la Cour des Aides de Guyenne, Contrôleur Général des Fermes du Roi, etc… Noblesse de robe donc

    "L'abbé René de la Serre est né à Paris le 27 juin 1880. Il est le quatrième d'une famille de cinq enfants. Les trois frères aînés devinrent tous de hauts fonctionnaires : Inspecteur adjoint des Eaux et Forêts et Inspecteur des Finances."

  6. Les notes biographiques sur René de la Serre qui vont suivre sont extraites d'un livre essentiel sur Mgr de la Serre écrit par François Hochepied. Nous en reproduisons ici de larges extraits :

Mgr René de la Serre (1880-1969), Un éducateur conservateur et novateur, au Cerf, Paris, 2009.

Etudes et vocation religieuse 

René sera d'abord un élève des écoles chrétiennes, ensuite il fera ses études chez les jésuites du collège Saint-Ignace de la rue de Madrid à Paris. Ce collège jésuite était fréquenté par les garçons de la "vieille société française". René est un élève brillant.
A dix-huit ans, il entre au grand séminaire de Saint-Sulpice, à Issy-les-Moulineaux, puis à Paris.
Il restera à Saint-Sulpice de 1898 à 1904.
C'est dans ce séminaire qu'il va rencontrer Pierre Petit de Julleville, le futur cardinal, "qui allait devenir son plus fidèle ami, son compagnon de route, son protecteur et aussi un maître à penser. "
René de la Serre est ordonné prêtre en juin 1904 (Montherlant a 9 ans). Il poursuivra ses études de théologie à Rome, afin de préparer un doctorat en théologie.

A cette époque, il écrit une lettre à sa mère dont voici un extrait : "A force de vivre seul et de perdre confiance, on finit par ne compter que sur Dieu et à s'isoler avec lui dans un monde intermédiaire fait de tristesse, de confiance, de mépris et d'affection; on reste sensible à ce qui touche l'humanité mais pas plus en tel membre qu'en tel autre, et quand on reprend contact avec les hommes c'est avec une telle intensité d'énergie et une telle intention de volonté, dues à la vision loyale qu'on risque de briser bien des choses autour de soi. ". (Lettre à sa mère 24 mars 1906).

Briser, c’est ce qu’il fera avec son intense énergie avec le jeune Montherlant renvoyé du collège Sainte-Croix !

René de la Serre va vivre la période des persécutions anticléricales. En effet en France, de 1902 à 1909, de Combes à Clemenceau, chaque année, est votée une nouvelle loi anticléricale. On comprend dès lors que René de la Serre se montrera sévère envers la République.
En 1906, René de la Serre est nommé professeur de dogme jusqu'en 1910.
Son enseignement est original car il essaie de rajeunir une matière difficile. Mais certains le critiquent et lui reprochent un manque de dessous philosophiques consistants. René de La Serre ne sera jamais considéré comme un philosophe par ses collègues.

Abbé de la Serre.

En 1910, Préfet de division au Collège Sainte-Croix de Neuilly

A la demande de son ami Pierre Petit de Julleville, René de la Serre est ensuite nommé préfet de division en octobre 1910 au collège Sainte-Croix de Neuilly. C'est en effet, le Cardinal Amette, archevêque de Paris, qui a confié à l'abbé Petit de Julleville “ la reprise en main ” de ce collège fondé en 1856 par les pères de Sainte-Croix, dont la succession, avec la crise politico-religieuse de 1901, ne s'était pas déroulée avec efficacité dans le domaine de l'instruction, de l'éducation, et dans le recrutement des élèves. Il y avait au moment de l'entrée en fonction du nouveau préfet environ 200 élèves répartis dans un externat ou dans un internat, et ces élèves pour moitié venaient de Neuilly ou de Paris, et l'autre de la grande banlieue.

René Barbier de la Serre au caractère dominateur, alliant volonté et énergie, va déborder de toutes parts de ses fonctions :

"Il avait le souci des besognes cachées ou négligées, l'art de trouver un poste où quelqu'un risque de manquer, de ne jamais laisser le collège au dépourvu." (Hochepied, page 27).

Voici ce qu'écrit l'abbé de la Serre sur cette période dans son livre sur le Cardinal Petit de Julleville:

La première année laissa à ceux qui la vécurent une extraordinaire impression à la fois d'intérêt, de fatigue, d'intimité, et d'allégresse. Il fallait prendre en main ce jeune peuple de 200 élèves, 90 anciens et une centaine de nouveaux: il fallait le sonder vite pour dépister, s'il en était les éléments suspects; il fallait asseoir la discipline sans compromettre la confiance, organiser les services, boucher les fuites, viser à l'économie du personnel tout en prévoyant les agrandissements prochains. (…). Il fallait lancer le travail, égayer la maison, affirmer l'essentiel, ajuster les détails (…).

Dépister et sonder les éléments suspects ! Comme c’est bien dit ! Tout un programme dont sera victime le jeune Montherlant, être génial, orgueilleux et trop personnel.

En février 1911, René de la Serre, passionné de football et de sports anglais dont le succès débute en France, va représenter l'école Sainte-Croix à l'assemblée constitutive de l'Union gymnastique et sportive de l'enseignement libre. On lit en effet le texte suivant dans les statuts de cette Union :

"L'Union a pour but de compléter par une bonne éducation physique, la formation intellectuelle et morale donnée dans ces écoles. Par l'emploi rationnel de la gymnastique et des sports athlétiques, elle se propose de donner au pays des générations d'hommes robustes et de soldats vaillants.

Henri de Gaulle, professeur de philosophie et de littérature française et père du "Général", sera aussi un des acteurs importants de cette Union.
Nous sommes en 1911.

Montherlant arrivera au Collège Sainte-Croix en septembre 1911.
La confrontation entre lui et l'abbé de la Serre éclate au printemps 1912, et Montherlant sera renvoyé en juin 1912. La raison ? L’amitié de Montherlant pour le jeune Philippe Giquel de deux ans son cadet ? Peut-être. Montherlant fut à 17 ans la victime d’une punition exagérée de la part d’un prêtre zélé qui s’était donné la mission de “ nettoyer ” les éléments suspects du collège et qui ne supportait pas, peut-être par jalousie, l’amitié trop sensible de deux adolescents (que certains esprits inintelligents ou malveillants, obsédés sexuels, ont assimilée à de la pédophilie !)

La guerre surviendra trop tôt pour former les "vaillants soldats" rêvés par l'abbé de La Serre. En août 1914, René de La Serre est mobilisé et sert comme brancardier au 155ème Régiment d'infanterie.
Il écrit le 10 novembre 1914 une lettre à ses collègues de Sainte-Croix, lettre qui sera publiée dans le Bulletin de l'Institution Sainte-Croix de Neuilly (décembre 1914, archives de Sainte-Croix de Neuilly) :

"Je suis toujours aux premières loges, mais la vie militaire devient plus calme; c'est la vie dans les tranchées avec ses risques, ses attaques de nuit, l'immobilité, l'inaction, le froid.

Une autre lettre : Je cherche pour mon compte dans cette sorte de retraite forcée que la nuit tombante impose pendant quinze heures par jour à tous les soldats en ces mois d'hiver à retirer la leçon personnelle que le Bon Dieu a mise certainement à côté de l'épreuve." (Lettre du 19 décembre 1914 à Sainte-Croix).

Il écrit à son frère Etienne : "Comment Dieu pourrait-il donner la victoire à un gouvernement aussi insolemment fermé à toute démarche vers le catholicisme ? (Lettre du 21 juillet 1915).

Fin juillet 1915, il est nommé aumônier de son régiment. Il a obtenu la croix de guerre en étant cité à l'ordre du corps d'armée pour avoir fait preuve " d'un dévouement admirable dans son service de brancardier les 29 janvier, 6 avril, 20, 21 et 30 juin 1915."

Il doit quitter avec regret le régiment qui lui avait toujours témoigné beaucoup de sympathie et où il pouvait exercer son sacerdoce, car il reçoit une nouvelle mission de "maître d'école primaire non confessionnelle". Amertume et tristesse ! Pourquoi l'armée s'est-elle séparée d'un excellent élément ?

Il sera marqué à jamais, comme Montherlant, par l'expérience de la guerre.

L'abbé de la Serre rejoindra après le 11 novembre 1918 le collège Sainte-Croix pour poursuivre la mission d'éducateur commencée en 1910.
A la rentrée scolaire de 1918-1919, il y a plus de sept cent soixante enfants. René de la Serre occupe comme avant 1914 le poste de préfet de division et de préfet des études.
"En tant que préfet des études à Sainte-Croix de Neuilly, René Barbier de la Serre fera vivre, sous l'autorité complice de Pierre Petit de Julleville, les grandes orientations éducatives, pédagogiques, sociales et religieuses qui caractérisent ces établissements secondaires catholiques. (…) (Hochepied, page 35).
Il s'agissait de créer un type d'homme capable de régénérer la société. Les qualités attendues des élèves sont : " Obéissance, exactitude, silence, distinction, modestie, élégance, effort sur tous les plans, souci de l'avenir, dégoût de la vie égoïste et inféconde. " (Le Cardinal Petit de Julleville, par Mgr de la Serre, Plon 1955, page 115).

"Avec des élèves issus de l'aristocratie, des classes de notables ou moyennes, les éducateurs s'ingéniaient à former des hommes brillants, sachant disserter, s'exprimer avec aisance et écrire dans un style châtié : groupements littéraires, conférences, concours obligatoires, concours oratoires ou de poésie, représentations théâtrales, pratique des arts d'agrément, contribuent à donner au futur adulte son visage dans le monde." (Hochepied, page 38).

L'Abbé de la Serre sera toujours un adversaire farouche de l'école laïque et exprimera les antagonismes irréductibles entre l'Eglise et l'Etat dans le domaine scolaire. Il jouera un rôle important dans le domaine du sport et de l'éducation physique dans le milieu scolaire.

L'Abbé Petit de Julleville le Supérieur de Sainte-Croix, avec ses deniers, avait acquis une maison de villégiature, avec d'assez grands communs, à Wattetot-sur-Mer, avant le premier conflit mondial pour en faire le lieu d'une colonie de vacances; les prêtres de Sainte-Croix, bénévoles, étaient heureux d'animer cette colonie devenue très vite populaire auprès des élèves. René Barbier de la Serre accompagnait aussi les troupes scoutes dans leurs campements; il aimait cette absorbante besogne qui dévorait l'une après l'autre toutes ses journées. "(Hochepied, page 41 et 42.)

L’abbé de la Serre au milieu de ses scouts en 1927.

Montherlant a-t-il connu l’existence de cette maison ? Très probable. Il parle d’ailleurs dans La Ville comme dans Les Garçons d’une maison de la vieille mère de l’abbé de Pradts où ce dernier inviterait parfois des élèves. Mais dans la réalité, il s’agit d’une propriété du futur Mgr Petit de Julleville pour “ aérer ” les élèves et les abbés de Sainte-Croix.

Voici encore quelques jugements sur l'abbé de la Serre :

"Son intelligence qui est supérieure fait d'autant plus souffrir sa sensibilité qu'il n'approche les autres qu'en s'en distançant. Plutôt peut-être que spéculative et discursive, la forme de son intelligence est intuitive et concrète; mais dans le recul qu'elle prend, cette intuition ne lui fait pénétrer qu'avec une perspicacité sans illusion la petitesse des hommes ou le détour du cœur humain, en même temps qu'elle lui fait percevoir avec humour le comique des situations". (Mgr C. Molette, entretien avec Mgr de la Serre, in Hochepied du 18 mars 2001, page 65.)

Sur lui-même : " Mon principal défaut est l'orgueil : ambition quand j'étais jeune, souci de comparer et de surpasser, mépris pour tout ce qui était vulgaire; au Séminaire, crainte de mal faire et parti pris d'avoir mal fait, de n'être jamais content de moi, de me dénigrer par principe (…) intelligence dure et pénétrante, cœur délicat plutôt qu'affectueux, réservé. "

(Notes spirituelles de René Barbier de la Serre, non datées, archives, in Hochepied, page 64.)

En 1927, René Barbier de la Serre est nommé pro-recteur de l'Institut catholique de Paris. Il le restera jusqu'en 1938.
Mgr Alfred Baudrillart, membre de l'Académie française et futur cardinal, en est le Recteur et tient un très gros Journal de sa vie (Les Carnets d’un Cardinal). René de la Serre est relégué dans deux pièces à l'entresol de l'Institut !
Mgr Baudrillart est un dominant et il définit ainsi la tâche de la Serre : Pro-recteur, il prendra quelques-unes de mes attributions administratives et me déchargera d'une partie de mes trop longues heures de réception; comme moi, il sera en permanence dans la maison à la disposition des maîtres et des étudiants, dont il s'occupera plus particulièrement, car c'est chose impossible au Recteur. (Mgr Baudrillart, Discours de rentrée 1927, Archives de l'Institut catholique de Paris).

Cardinal Alfred Baudrillart,
Membre de l'Académie française,
Recteur de l'Institut catholique
de Paris.

Ces nouvelles fonctions créeront chez la Serre "souffrances, désillusions et réveilleront ses angoisses sur le sens de son passage ici-bas. " (Hochepied, page 45).
Il avoue ne rien comprendre à l'Institut catholique, pour lequel il n'est pas prêt, ce qui provoque chez lui de la répulsion. Il a la nostalgie du souvenir bienfaisant des austérités de la guerre et du scoutisme. (…) Les évêques m'ont déçu et scandalisé, écrira-t-il.
Son "patron" le futur Cardinal Baudrillart écrit dans ses Carnets après le départ de Mgr de la Serre de l'Institut catholique : " Le Cardinal Suhard commence à s'apercevoir des déficiences et des complications du prêtre (La Serre, ndlr), bon et pieux, instruit et intelligent mais incertain, perdu dans ses rêves et dans les à-côtés de toutes sortes de missions qu'il est censé remplir".(Mgr A. Baudrillart, Les Carnets du cardinal, 20 mai 1941-14 avril 1942, p. 193, Editions du Cerf, 1999,).

Le 21 septembre 1937, " Mgr de la Serre me donne à lire son discours Sur la foi catholique et les réalités d'aujourd'hui, discours profond et de tous points remarquable sur les tendances de notre époque et particulièrement celles de la jeunesse. Discours un peu trop tendu et qui gagnerait à être un peu développé, éclairé par quelques exemples". (Alfred Baudrillart, Les Carnets du Cardinal, 1935-1939, page 614, Editions du Cerf).

En janvier 1938, Mgr Baudrillart admire "le discours intéressant, délicat et subtil de Mgr de la Serre prononcé à l'Archevêché pour les vœux du Nouvel-An."

Le 2 février 1938, Mgr Baudrillart écrit ; "Grande émotion au milieu de la matinée. Mgr de la Serre tombé en syncope, tandis qu'il célébrait la messe à la Madeleine pour l'Institut grégorien ; accident analogue à celui qu'il eut, il y a deux ans, et dont la marche paraît la même; deux autres syncopes dans la journée et très grand malaise."

En février 1938, Mgr Baudrillart évoque dans ses Carnets mais sans conviction ni chaleur la possibilité pour Mgr de la Serre de lui succéder comme Recteur de l'Institut catholique de Paris.

En mars 1938, Mgr de la Serre est malade et veut se retirer.

En septembre 1938, Mgr de la Serre démissionne de ses fonctions de pro-recteur et s'installe à Rouen grâce à la protection de Mgr Petit de Julleville, archevêque de Rouen.

En octobre 1938, Mgr de la Serre est nommé à Rouen chef de l'Action catholique féminine.

"Cela est mieux que ce qu'on lui avait offert" note Mgr Baudrillard (page 849, Carnets 1935-1939).

Dans les années trente, il va consacrer beaucoup de temps et d'énergie à l'UGSL, Union générale et sportive de l'enseignement libre (supérieur et secondaire). René de la Serre cherche en effet à promouvoir une politique nationale de développement de l'éducation physique et sportive catholique, à une époque où l'éducation physique et sportive n'est pas le premier souci de l'enseignement catholique.

Quand la guerre éclate en 1939, Mgr de la Serre a soixante ans, et Montherlant quarante-cinq.
Le régime de Vichy encourage les activités de l'UGSL en les subsidiant. Ces subventions seront supprimées après la guerre. En 1948, Mgr de la Serre est nommé président de la FISEC (Fédération internationale sportive de l'enseignement catholique). Pour Mgr de la Serre, le seul sport qui compte est le sport amateur (amateur envers et contre tout, sans souci de la défaite). Il est opposé au sport professionnel (sport païen, mercenaire ou débraillé) où règnent d'abord l'argent, la rentabilité, la corruption. Son but est d'imprégner de christianisme toutes les actions y compris les actions sportives.

Monseigneur de la Serre peut être considéré comme un pionnier dans le champ des visions chrétiennes du sport.

A côté de ses préoccupations pour la pratique du sport dans l'enseignement religieux, Mgr de la Serre est très attentif à ce que l'Eglise "visible" retrouve prestige et sens de la primauté :

"L'Eglise ne peut être qu'à la première place, sinon dans l'ordre du pouvoir du moins dans celui de la pensée, de la bienfaisance, de la valeur spirituelle (…). C'est à ses fils dévoués qu'il appartient de réclamer en sa faveur et de lui rendre le prestige sans lequel elle risquerait de n'être plus qu'un souvenir et peut-être qu'un scandale". (Notes spirituelles de René Barbier de la Serre, in Hochepied, page 111).

Monseigneur Barbier de la Serre.

René Barbier de la Serre se situe dans la branche conservatrice du catholicisme social, qui dénonce l'utopie égalitaire de la démocratie. (Hochepied, page 113).
Selon son biographe, René de La Serre hésita tout au long de son existence entre une vie religieuse repliée et retirée et une vie sacerdotale au service de l'action et des autres et qui, jusqu'au dernier jour, se posa la question du sens de son existence terrestre : non pas, bien sûr, dans une crainte face à l'au-delà, mais bien plus dans une quête permanente de justesse et d'adéquation ultime face au projet de Dieu et par sa propre vie.

On trouve encore ce texte dans ses archives personnelles :

Il faut se dire que les âmes passent avant tout et laisser les choses matérielles en plan dès qu'un cœur souffre auprès de nous. Non pas pour dorloter, mais pour rendre le bon sens, le courage, faire juger futiles les futilités (…) (Hochepied, page 133)

Pour résumer, René Barbier de la Serre fut un pionnier de l'éducation physique, du sport, et du scoutisme au sein de l'enseignement catholique. Il sera attentif à l'évolution de la place de la femme dans la société française quand il sera Aumônier des Guides de France. Par contre, il est un conservateur dans le domaine de la famille, de l'école, de l'organisation de la société politique. La tenue et les débats du Concile Vatican II (dont il prévoit les dérives) seront une épreuve pour lui. (Hochepied, page 134).

Retraite

  • En 1951, il va se retirer au service du clergé rural comme curé d'une petite paroisse de quatre-vingts habitants à Saint Aquilin de Corbion dans l'Orne (1951-1960).
  • De 1961 à 1968, très âgé et malade, mais toujours lucide et brillant, il finira sa vie comme aumônier d'une petite communauté des Religieuses de l'Agneau de Dieu, au Pin-la-Garenne.
  • Enfin aux approches de la mort, il sera soigné par les religieuses franciscaines de Notre-Dame-de-Pitié, à l'orée de la forêt d'Andaine près de Domfront.

Mgr de la Serre, en 1960, lors du banquet du cinquantenaire
de Sainte-Croix. A ses côtés, ce doit être le Supérieur de l'époque,
le chanoine Dussoulier.

Il meurt le 6 mars 1969 à l'âge de quatre-vingt-neuf ans.
Montherlant publie son roman Les Garçons chez Gallimard en 1969, l'année de la mort de Mgr de la Serre, celui qui lui inspira, en partie peut-être, le personnage énigmatique de l'abbé de Pradts !

III. Qui est l'Abbé Petit de Julleville, supérieur de Sainte-Croix de Neuilly
de 1910 à 1914 et de 1918 à 1927 ? (Wikipedia)

L'Abbé Petit de Julleville, Supérieur de Sainte-Croix,
qui deviendra Evèque de Dijon, puis Archevèque de Rouen.

Pierre André Charles Petit de Julleville, né le 22 novembre 1876 à Dijon et mort le 10 décembre 1947, est un cardinal français. Evêque de Dijon de 1927 à 1936, puis archevêque de Rouen du 10 octobre 1936 au 10 décembre 1947. Il est le quatrième et le seul garçon d’une famille de cinq enfants. Il est le fils de Louis Eugène Casimir Petit de Julleville, professeur à la faculté de lettres de Dijon et de Marie Rose Marty, mariés en 1868. Il est le beau-frère de l'historien Jean Guiraud (1866-1953).

Son hérédité, le climat familial, sa première formation, ses goûts le portent naturellement vers l'étude et l'enseignement. S'il peut être qualifié d'humaniste, il le doit sans doute à sa curiosité et à sa vivacité d'esprit, à son goût pour la lecture et l'écriture. Il met en permanence ses dons intellectuels au service de l'action quotidienne et de l'innovation avec simplicité, bonté et volonté ; une volonté exacerbée à la poursuite d'un idéal élevé. Il suit des études au Lycée Janson-de-Sailly de Paris puis à l'université de la Sorbonne (1893-1896) où il obtient une Licence d'histoire. Il effectue son service militaire de novembre 1897 à novembre 1898 au 28e Régiment d'infanterie d'Évreux. Il entre ensuite au séminaire Saint-Sulpice du 13 octobre 1899 à 1903 et il y reçoit la tonsure ecclésiastique.

Sa vocation religieuse va le détourner d'une carrière universitaire (dans la lignée de celle de son père, le célèbre Petit de Julleville, professeur à l'Ecole normale supérieure, puis à la faculté des lettres de Paris.)

Il est ordonné sous-diacre et diacre par Mgr Félix-Jules-Xavier Jourdan de La Passardière, évêque de Rosea. Celui-ci l'ordonne prêtre le 4 juillet 1903 à Paris et célèbre sa première messe à l'église de l'université de la Sorbonne.

Il se rend à Rome, de 1903 à 1905, pour préparer une thèse de doctorat. À son retour à Paris, les lois laïques menaçaient les communautés religieuses. La Compagnie de Saint-Sulpice n'échappait pas à cette inquiétude. C'est pour cette raison que ses supérieurs décidèrent de faire appel à des prêtres séculiers. Il fut ainsi choisi pour enseigner la théologie dogmatique au Grand séminaire d'Issy (1905-1910).

Il devient ensuite supérieur de l'École Sainte-Croix de Neuilly (1910-1914, et 1918-1927) à l'appel du cardinal Amette, archevêque de Paris, suite au départ des pères de Sainte-Croix qui avaient dû quitter les lieux en 1901. Montherlant y est élève externe en dernière année en 1911-1912.

(Petit de Julleville sera pendant la première guerre mondiale aumônier militaire).

C'est avec passion, dévouement, talent et abnégation qu'il contribue à redonner une réputation à cet établissement Sainte-Croix de Neuilly, où quelque 1.200 élèves étaient accueillis à partir de 1923, et à en faire une place forte des écoles diocésaines de Paris. Il s'inspira profondément des leçons et des expériences de l'abbé Esquerré pour construire l'œuvre éducatrice qui lui avait été confiée. L'essentiel de ses vues a été publié dans un volume intitulé : Le Ministère sacerdotal dans un collège secondaire.

Accès à l'épiscopat

Pierre Petit de Julleville sera nommé évêque de Dijon le 23 juin 1927 et consacré le 29 septembre dans la cathédrale de Paris par le cardinal Louis-Ernest Dubois, archevêque de Paris, assisté de Louis-Joseph Gaillard, évêque de Meaux et Georges Audollent, évêque de Blois. La formule de l'Action catholique voulue par le Pape peut être considérée comme la pensée maîtresse de son épiscopat à Dijon. Là, comme à Rouen, où il fut ensuite nommé archevêque le 7 août 1936, il vise un double but : propager les mouvements d'Action Catholique nationaux en développant le relais diocésain et surtout redonner force et dynamisme à toutes les initiatives prises localement dans son diocèse.

Pierre Petit de Julleville contribue aussi à la mise en œuvre de rouages institutionnels au sein de l'enseignement catholique ; ainsi il fonde, en 1925, le Syndicat des chefs d'établissements d'enseignement libre et en 1942, il impulse la création d'un poste de Directeur diocésain de l'enseignement religieux, à côté de ceux, déjà créés, de Directeur de l'enseignement libre et de Directeur des Œuvres.

Il est durant la période du 18 septembre 1936 à 15 mai 1937 administrateur apostolique de l'évêché de Dijon.

Evèque puis Cardinal.

Le cardinalat

Il est créé cardinal par Pie XII lors du consistoire du 18 février 1946. Il reçoit le chapeau rouge et le titre de cardinal-prêtre de Santa Maria in Aquiro le 22 février.

Il est membre du Centre national de catéchisme créé le 14 mai 1946. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur la même année.

Fin de vie

Il meurt le 10 décembre 1947 à 71 ans à Rouen, des suites des complications d'un rhume. Ses obsèques ont lieu le 18 décembre en présence des cardinaux Achille Liénart, Emmanuel Suhard, Pierre-Marie Gerlier et Clément Roques, nonce apostolique, ainsi que des évêques de la province ecclésiastique et des autorités civiles. Il est enterré dans la cathédrale de Rouen. Son épitaphe est gravée dans la chapelle de la Vierge:

“PETRVS
PETIT DE JVLLEVILLE
ARCHIEPISC ROTOMAGEN NORMANN PRIMAS
S.R.E. PRESBYTER CARDINALIS
E DIVIONEN AD HANC SEDEM PROMOTVS
AN M.CM.XXXVI
OVIVM PASTOR INDEFESSVS ET AGNORVM
CLERI DVM SE PRAEBET FORNAM
GNANVM LAICORVM GREGEM AD AGENDVM
AVSPICE PIO XI PONT MAX
PRO CONSORTIBVS VERA FIDE INLUMINANDIS
STRENVE PROVOCAVIT
INFAVSTO PATRIA CASV INTER ARMA COMMINVTA
ALIENIGENAM ADVORSVM MILITEM
IN RVINA CIVITATIS
ILLO CVM TEMPLO METROPOLIT
FERRO VASTATAE ET IGNI
INTREPIDVS ERECTO STETIT CAPITE
SACRA TVM DONATVS PVRPVRA
AT LABORE VIGILIIS MORBO CONFECTVS
IN PACE ET CARITATE CHRISTI
VTI VITAM GESSERAT
OBIIT IV ID DECEMBRES AN M.CM.XLVII
AETATIS SVAE LXXI
CVIVS ANIMA LVCE FRVATVR AEVI SEMPITERNI.”

Evèque de Dijon (1927-1936).
Archevèque de Rouen (1936-1947).

Cardinal
le 18 février 1946.

Une rue porte son nom ainsi qu'un square du 17e arrondissement de Paris (à proximité de Neuilly, à l'angle du boulevard d'Aurelle-de-Paladines et de la rue Gustave-Charpentier) à l'emplacement des anciennes cours de récréation de l'École Sainte-Croix de Neuilly.

Opinions de Pierre Petit de Julleville à propos d’Henry de Montherlant

Dans l’Echo de Normandie du 13 janvier 1948, R-G Nobécourt apporte sur les relations du cardinal Petit de Julleville et de Montherlant quelques précisions :

“ Montherlant vint me voir à plusieurs reprises, écrivait Mgr Petit de Julleville le 31 octobre 1941 à Nobécourt. Seul survivant des huit élèves de philosophie mobilisés, il prit la parole en 1919 au banquet des anciens élèves revenus de la guerre ; ce fut admirable de ton et d’émotion. Il m’apporta le manuscrit de La Relève du matin en me disant qu’il ne voulait rien publier qui puisse me déplaire et qu’il me demandait de lui signaler les passages que je n’approuvais pas. Je marquai au crayon rouge la valeur d’environ quatre ou cinq pages grand format et jamais un mot n’a paru de ce que j’avais cru meilleur d’effacer. Avouez que ce fut un désintéressement méritoire de la part d’un tout jeune auteur.

En 1927, continue Petit de Julleville, il y eut rupture de sa part à l’occasion d’un incident tout à fait insignifiant. Il m’avait demandé rendez-vous au moment même où je venais d’être nommé évêque à Dijon. Vous devinez le débordement d’occupations qui tomba sur moi ! Sa lettre demeura donc dans un amoncellement d’autres lettres. Je ne la retrouvai qu’un mois plus tard. Je lui écrivis pour m’excuser ; il ne me répondit pas, mais au mois d’octobre suivant, il se répandit à mon sujet en propos vraiment durs que l’on peut retrouver dans Un quart d’heure avec… de Frédéric Lefèvre.

En 1934, volte-face. Il m’écrivit qu’il désirait se réconcilier avec moi et m’envoya à titre de témoignage, un petit crucifix que le Comte de Chambord avait donné jadis à son grand-père de Riancey. Je lui répondis aussitôt avec beaucoup d’affection, et jusqu’à présent, nous en sommes restés là ”.

Et Mgr Petit de Julleville ajoutait :

“Je ne me suis jamais désintéressé de Henry de Montherlant. Je n’ai jamais réussi non plus à lui faire saisir le sens chrétien de la vie…”

Réponse d’Henry de Montherlant à Mgr Petit de Julleville

Frédéric Lefèvre, “Une heure avec… Henry  de Montherlant”, Les Nouvelles Littéraires, 15 octobre 1927 :

“Sitôt rentré à Paris, dans les premiers jours de juin, j’ai écrit à l’abbé Petit de Julleville (…) lui demandant un entretien en commun avec lui et un autre prêtre de ce collège : ces deux ecclésiastiques ont eu, à une certaine époque, de l’importance dans ma vie. Je ne lui disais pas le sujet de cet entretien. Mais il me semblait, n’ayant pas vu l’abbé Petit de Julleville depuis six ans, que demander cette conversation à trois indiquait assez clairement qu’il s’agissait de quelque chose de sérieux.

Je voulais dire à ces messieurs : “Je compte publier ceci (Les Fontaines). Évidemment, c’est un pas de plus pour m’écarter de l’Église. Cependant, comme je suis dans une période de détachement, je renoncerais sans trop de peine à le publier. Tout cela dépend de ce que nous pouvons dire ensemble. Vous pouvez dire la parole qui ouvrira une porte, et je crois que vous avez quelque chance de la dire car vous me trouvez dans un état de moindre résistance, parce que je suis assez éloigné d’être heureux…

J’attendis la parole. Je l’attendis trois mois, du début de juin au début de septembre : l’Église a l’éternité devant elle. Je la reçus dans les premiers jours de septembre. M. de Dijon me disait qu’il avait été trop occupé pour me répondre, et que maintenant il quittait Paris.

Je donnai donc le bon à tirer de Aux Fontaines du Désir.

C’est ainsi que l’abbé de Julleville, m’ayant mis à la porte de son collège — ma vengeance fut d’écrire un hymne à “la gloire du collège”, La Relève du Matin — m’a laissé à la porte, quatorze ans après, de la maison morale où peut-être je serais rentré.

Je veux croire qu’il était, cette fois, distrait par le son de sa gloire : une mitre à essayer, une crosse ! que de belles choses ! Quand M. de Dijon en aura fini avec la parade, certainement il reviendra aux âmes. Et d’ailleurs, peu importe. Jésus Christ n’a rien à voir avec tout cela, et il est intact.

Mais vous devinez dans quels sentiments je relis à présent ce passage de La Relève, p. 51 de l’édition Bloud. (Il, c’est mon ami de collège, Marc de Montjou, le “mort de dix-neuf ans”, et ils, ce sont les prêtres du collège) :

“Quel souvenir que celui de ce soir où il me dit, d’une voix plus basse, après un silence plus long, comme pour une chose qu’on viendrait de découvrir (tout le jour la vie avait brûlé) :

— Écoute, je crois qu’ils s’en fichent…

— Oui, répondis-je, maintenant je le crois aussi.

Mots sanglants, parce qu’ils étaient très calmes, vraiment montés de nos régions les plus profondes comme l’expression d’une certitude qui s’impose à vous presque malgré vous et parce qu’on ne peut pas savoir combien nous en souffrions.”

Oui, cher de Montjou, vous aviez raison, et j’était un naïf : ils s’en fichaient. Et quatorze ans ont passé, et ils s’en fichent encore.”

Frédéric Lefèvre précise : “Le regard de Montherlant s’est chargé d’émotion et d’indignation”.

Pierre André Charles Petit de Julleville
(Dijon, 22 novembre 1876 - Rouen, 10 décembre 1947)
Evêque de Dijon (1927),
puis Archevêque de Rouen (1936)
Administrateur apostolique de Dijon (1936)
Cardinal-Prêtre (1946),
puis Cardinal de Santa Maria in Aquiro
(1946, titre porté pro illa vice)

De sinople, semé d'épis de blé d'or,
à la croix de Saint Pierre d'argent, brochante sur-le-tout.

IV. Portraits des deux abbés par Montherlant dans La Ville dont le prince est un enfant
et dans Les Garçons

On peut écrire que Montherlant dresse un portrait plein de sympathie et de respect pour le Supérieur, l’Abbé Pradeau de la Halle, (dans les anciennes versions, nommé Dureau de La Halle), qui est bonté, droiture, lumière et clarté, tandis qu’il est beaucoup plus nuancé pour décrire l’abbé de Pradts, personnalité complexe, ambigüe, prêtre athée, attiré platoniquement par les jeunes garçons. L’abbé de Pradts sera à l’origine du renvoi de l’élève Alban de Bricoule parce que celui-ci a le tort d’aimer trop un élève (Souplier) dont l’abbé est épris. L’abbé de Pradts utilisera une stratégie machiavélique pour arriver à ses fins.
Pierre Petit de Julleville a-t-inspiré le personnage du supérieur l’abbé Pradeau de La Halle et René Barbier de la Serre celui de l’abbé de Pradts ?

a. Dans La Ville dont le prince est un enfant 

L'abbé de Pradts, préfet de la division des "moyens", a 35 ans. Il porte la soutane. Très net, très soigné. Col "romain". Le cabinet de M. l'abbé de Pradts, au collège. Table chargée de papiers, de registres, de livres, avec une statuette du Sacré-Cœur, et un appareil téléphonique. Aux murs, un petit crucifix traversé de buis bénit, un tableau à sujet religieux, des photos d'élèves groupés, deux photos d'anciens élèves, en uniforme, agrandies, dans des cadres noirs avec un crêpe. Sous le crucifix, un prie-Dieu. Une bibliothèque en bois noir. Tout cela sans recherche et sans aucun style ; manifestement, indifférence totale aux choses extérieures (….)

b. Dans Les Garçons, (Gallimard, Folio 1969)

L’abbé Pradeau de la Halle avait un visage clair, des yeux bleu clair, une chevelure châtain clair dans laquelle c’était lui-même qui se faisait la tonsure, à genoux pour humilier son corps, une fossette au menton. (NDLR : on remarquera la répétition du mot clair. Jamais le personnage du Supérieur ne sera, en effet, critiqué par l’écrivain ; dans le manuscrit de 1929, le supérieur est décrit plein de faiblesse pour Alban. (Romans 2, Pléiade p.1377))

L’abbé de Pradts, préfet des moyens, avait un visage fin de Méridional, grisâtre, que couvrait un lacis complet de rides très minces, le front assez dégarni, de petits yeux étranges, gris-vert, perçants, un peu rapprochés l’un de l’autre comme ceux des singes. Le bas de son visage s’amincissait vivement comme si, lorsqu’il venait au monde, une main de médecin l’avait pincé entre ses doigts. (…)
On peut dire de ces deux visages, en simplifiant que l’un était un visage d’idéalisme et l’autre un visage d’intelligence, respirant la science sacrée du vécu ; avec chez l’un et l’autre une beauté de sérieux. Dans ses premiers temps au Parc, l’Abbé de Pradts avait porté à une boutonnière de sa soutane une petite croix en argent, et puis une chaîne de montre en argent, même un petit ruban noir noué à son cou, mais tout cela avait disparu pièce par pièce, quand les vertus de l’effacement lui étaient mieux apparues. Disons-le en passant : le supérieur aimait ce qui marque, ce qui désigne : la soutane, vêtement de pénitence, la tonsure. L’abbé n’aimait pas trop la soutane, qui le gênait quand il jouait au ballon avec ses élèves : il avait voulu l’égayer. Et toutefois se mettre en civil, fût-ce pour quelques heures, lui aurait été odieux (…).
Cependant ces deux hommes, semblables par la minceur de la taille, l’allure stricte du vêtement, la distinction, l’extrême dignité, qui aurait eu l’idée de regarder leurs chaussures – la chaussure révèle l’homme – aurait trouvé entre eux une différence : les souliers montants du supérieur tiraient vers le godillot grossier du soldat (bien entendu, cela était sans affectation aucune ; rien de la composition de personnage que se fait un prêtre qui veut avoir le genre prolétarien), tandis que les souliers bas du préfet tiraient plutôt vers l’escarpin. Mêmement, la ceinture du supérieur était de laine, sans franges ; celle de l’abbé avait des franges. Mêmement, les mains du supérieur étaient un peu rudes et épaisses, et les mains du préfet fines et longues, de ces mains que l’on peut dire de madone ou main de singe, selon sa disposition. (…) L’abbé de Pradts avait trente-trois ans, mais en paraissait bien davantage. (Les Garçons, Folio, nrf, p. 34, 35). (…)

L’abbé de Pradts était de ces gens cassants et pas commodes dans la conversation, mais qui ne voulant rien briser, soit par tempérament, soit pour ménager l’avenir, mettent dans leur correspondance toutes les fleurs dont ils sont incapables de vive voix. Leur correspondance est toute une politique : son but est de réparer sans cesse. (Manuscrit de 1929, Pléiade, Romans 2, p.1383)

Le bureau du supérieur était dénué au possible. Pas de fauteuil. Pas un objet sur la table de travail, hormis un encrier et un presse-papiers, que des cahiers, des carnets, des feuillets et des livres (trois missels). Rien aux murs, exactement rien, qu’un crucifix, et des feuilles fixées avec des punaises, où étaient écrits à la main par l’économe des horaires et le programme de travail du collège. Pas de bibliothèque (…) Un prie-Dieu Second Empire dont l’étoffe montrait la corde. (…) (Folio, p.35)

L’abbé de Pradts eut un sourire imperceptible qui plissa son fin museau renardin. (Folio, p. 37) (…) L’abbé de Pradts sourit de nouveau, mais des yeux seulement. C’était son habitude de sourire des yeux sans broncher, comme tous les gens d’esprit. (Folio, p. 38) (…)

L’abbé de Pradts, trente-quatre ans, taille mince, toujours ganté dans la rue, cultivé, fin, fait pour les grands emplois, qu’il a sacrifiés à sa passion – l’amour de l’adolescent – s’était fait prêtre par goût de la paternité. (…) (Les Garçons, chapitre X, version de 1947, Pléiade, Romans 2, p.1404.)

Auprès du Supérieur si chaleureux, l’abbé de Pradts, avec son demi-sourire immobile, semblait glacé. Mais il n’était pas glacé, il était brûlant ; sous la cendre de son visage, le feu. Il écoutait le supérieur avec une attention spontanée. Chaque parole, eût-on dit, était enregistrée. Et les yeux bruns ne quittaient pas les yeux bleus, les suivaient dans chaque mouvement de la tête, comme les tigres, assis placidement sur leurs escabeaux, suivent des yeux dans les quitter un instant les mouvements du dompteur. (…) (Folio, p. 46)

Le supérieur droit comme un I, son visage lumineux. M. de Pradts un peu voûté, son visage étrangement gris (Folio, p. 48)

M. l’abbé de Pradts, moralement le second du collège, aimait lui aussi cette vétusté (du collège ndlr), mais lui, par coupable déviation réactionnaire ; tout ce qui évoquait le passé lui allait au cœur, et une pointe de saleté, produite ou non par les siècles, était pour lui une des composantes, sinon nécessaire du moins très bienvenue, du “ génie du christianisme ”. (Folio p. 90) (NDLR : Montherlant se disait un homme du 19ème siècle. Malgré un compte à régler avec son ancien Préfet, il a une certaine sympathie à l’égard du “ déviant réactionnaire ” de Pradts. Pourquoi ? Tous les deux sont issus du milieu aristocratique, refusent de s’encombrer, sont peu intéressés par les apparences, et demeurent fidèles aux traditions.
Dans la réalité, Mgr de la Serre avait une sensibilité de traditionaliste et fut, comme Montherlant, heurté par la crise de l’Eglise lors du Concile Vatican II. Religio depopulata, écrivait Montherlant à cette époque !

L’abbé de Pradts est un prêtre athée :

Sauf durant les seize premières années de sa vie, où la religiosité, dans un milieu chrétien était inévitable. M. l’abbé de Pradts n’avait jamais cru en Dieu. Son esprit n’avait pas besoin d’un Dieu : son cœur n’avait pas besoin d’un Dieu. Le surnaturel était un monde qui lui était aussi fermé que celui des sciences, par exemple, ou celui de l’économie politique : le naturel le comblait largement. Selon lui, les hommes avaient inventé Dieu, parce que la grande majorité en avait besoin, de tête ou de cœur ; ce besoin était, selon lui, une des caractéristiques les plus communes de la faiblesse humaine. (…) Jamais (ou plutôt une fois seulement, et quatre ans après, il en avait encore du remords) il n’avait laissé soupçonner à quiconque – et, surtout, pas à un élève, qu’il n’avait pas la foi. Il parlait de Dieu le moins possible. (…) Les rites étaient pour lui ce qu’étaient les rites mondains pendant son adolescence. Il montait à l’autel consciencieusement, et avec le désir de faire pour le mieux, comme, laïc, il fut monté sur l’estrade pour présider une cérémonie ; prononçait les paroles sacramentelles comme il eût prononcé un discours écrit par son secrétaire. Etre prêtre, et pendant douze ans, éluder Dieu dans sa parole sinon dans ses actes, quelle gymnastique ! L’étonnant est que personne ne s’en apercevait. (…) Bien qu’il fût incroyant, et qu’il tînt tout croyant pour un benêt, l’abbé de Pradts avait une si haute idée de l’état ecclésiastique qu’il était choqué par un prêtre de qui la ferveur religieuse lui paraissait insuffisante. (Folio, p. 122 à 126)

L’abbé de Pradts est un éducateur de garçons :

Il avait voulu une vie où il s’occupât uniquement des garçons, et vécût au milieu d’eux, et que c’était la soutane qui lui permettrait le mieux cette vie. Il avait la vocation d’être prêtre – éducateur, mais il n’avait pas la vocation de la foi. (…) Homme d’intrigue, fait pour les emplois malaisés et subtils, comme il semblait apparaître à son seul visage – mais peut-être était-ce un leurre, peut-être était-ce dans les “ jeunes ” seuls que M. de Pradts puisait sa force et son génie – pas un instant, jamais, M. de Pradts n’avait mis en balance sa carrière et son goût de la grande éducation, qui le forçait à l’obscurité. Pourtant les légers mouvements d’humeur qui lui venaient, quand tel confrère de son âge était promu, montraient assez que, s’il n’avait pas eu ce goût, il eût aimé de faire carrière tout comme un autre. Mais il y avait sa passion, et tout s’ordonnait autour d’elle et au-dessous d’elle. (…) (Folio, p. 128, 129).
(…) La présence de l’abbé de Pradts au Parc avait été, en définitive, bienfaisante. Bienfaisante par ses efforts pour hausser toujours les garçons, non vers une vie chrétienne, mais vers une vie d’homme libre et d’homme honnête. (…) (Folio, p. 130)

L’abbé de Pradts n’est pas un prêtre pédophile :

Jamais Montherlant n’a écrit que l’abbé de Pradts s’était laissé aller à commettre des actes. Son attrait pour les garçons reste platonique. Il est un éducateur passionné par les garçons. Dans La Ville dont le prince est un enfant, Montherlant a précisé : “Il n’y avait pas à le purifier (cet amour)” (…) “S’être si sévèrement et continuellement surveillé”, etc…Le supérieur, exigeant qu’il ne revoie plus Souplier, dit d’ailleurs : “Ce n’est pas une punition, c’est une précaution.

Un portrait de l’abbé de Pradts dans le manuscrit B (version 1947), qui ne sera pas conservé par Montherlant dans la version définitive (1969 et 1973) :

L’abbé de Pradts était un homme de trente-quatre ans, bien et soigneux de sa personne, la taille mince d’un torero, le col romain, toujours ganté dans la rue, fleurant le monsignor ; cultivé, ardent jusqu’à la violence, plein de finesse et de ressource, de grande intrigue, fait pour les grands emplois, comme il se voyait à son visage, mais qui les avait sacrifiés à sa passion, qui était l’amour de l’adolescence. L’abbé de Pradts s’était fait prêtre par goût de la paternité. Jeune homme, il détestait les femmes : d’esprit, les jugeant imbéciles, de corps, au point de ne pouvoir aller sans nausée dans les lieux d’aisance quand une femme venait d’en sortir. (…) Ce qu’il aimait, c’était les enfants. Vivre dans leur contact, Et hors de celui des femmes, c’est pour cela qu’il s’était fait prêtre bien décidé à n’exercer un ministère que comme éducateur, et comme éducateur, tout de suite, il avait excellé, comprenant et aimant merveilleusement les âmes, quand elles étaient de jeunes garçons. 

Une évocation contenue dans le manuscrit de 1929 sera écartée par Montherlant sur la vie des deux prêtres durant la première guerre mondiale et après 

Dans le manuscrit de 1929, Montherlant sarcastique évoque le sort de ses deux personnages ecclésiastiques. Ce texte ne sera pas repris dans la version de 1969 ni de 1973 !

La guerre a été plus douce au clergé de Notre-Dame-du-Parc. Tous ces messieurs en sont heureusement revenus. M. l’abbé Dureau de La Halle, toujours occupé de la contemplation, en passa le début à l’intérieur, dans la paperasse, et bientôt fut démobilisé, comme indispensable à Notre-Dame-du-Parc. Depuis la disparition du Parc, il s’est avancé à pas de géant selon le monde. Mgr Dureau de La Halle, évêque de L*** est un des plus jeunes prélats de France. Mais qu’est devenue la contemplation ? Peut-être avait-il, lui aussi, une vieille mère, qu’il fallait cette mitre, pour maintenir en vie. M. l’abbé de Pradts eut plus de perçant. En 1914, il accepta d’être sergent colombophile. Tout soudain, on donna trois galons à ses convictions religieuses ; il fut aumônier de corps. Mais cela ne dura qu’un éclair : il eut le ruban rouge, et se démobilisa. Aujourd’hui il est à Rome, où ses manèges et la finesse de sa taille font merveille dans une charge délicate et considérable : bientôt la France lui devra beaucoup. (Version 1929, Pléiade, Romans 2, page 1393).

Le renvoi de Sainte-Croix relaté par Faure-Biguet confident de Montherlant dans son livre Les Enfances de Montherlant, chez en 1944 

“ Montherlant a quelquefois reconnu ce fait, d’autres fois l’a nié, d’autres fois l’a réduit à un dictionnaire jeté à la tête de l’abbé…Mais l’affaire de la “ Famille ” dépassa évidemment un tel incident, s’il a eu lieu. Il est clair que la direction du collège ne supporta pas une influence qui, si elle s’exerçait parfois avec noblesse, dans son ensemble pouvait l’inquiéter. Montherlant ne fut d’ailleurs que l’une des premières victimes. Dans les années qui suivirent, il est notoire que de nombreux élèves furent renvoyés de Sainte-Croix (…)

A l’époque, quand Faure-Biguet revit Montherlant, celui-ci lui dit seulement :

Ma mère a fait venir le Supérieur et le Directeur de l’école. C’est agréable d’être malade : on fait vouster les gens. D’abord elle les a engueulés, ensuite elle a pleuré. Elle m‘a engueulé aussi : il paraît que pendant la visite du Directeur, j’ai été affreusement insolent avec lui…Petit de Julleville lui a dit : “ Nous avons décapité le collège. ” Ensuite elle a fait venir de la Serre, puis La Chapelle (ndlr : le Père de la Chapelle, confesseur jésuite d’Henry, choisi par son père Joseph de Montherlant pour contrer les abbés de Sainte-Croix jugés trop à gauche). Quel défilé ! Le plus raide a été la conversation avec de la Serre. Il a eu la naïveté de lui dire : “ Ne croyez pas que j’aie agi par jalousie. ” C’était avouer…

Je sentais bien, continue Faure-Biguet, malgré la désinvolture des paroles de Montherlant, l’importance que cet évènement prenait dans la vie de mon ami. Il ne manqua point, (me disant ce que tout le monde savait avant lui, qu’il était mis à la porte, et que, même ses meilleurs camarades, ses complices, le traitaient comme un pestiféré et ne lui parlaient plus), de se comparer à Pétrone tombé en disgrâce, autour de qui tout le monde faisait le vide.

-J’en ai plus appris sur la vie ces six derniers mois que depuis que je suis né, écrit Montherlant. Quand on a touché les êtres directement, que les piaillements de nos professeurs de morale sont réjouissants ! Et La Chapelle m’a dit : “Vous sourirez de tout cela quand vous aurez vingt-cinq ans. ” Il est impossible de se mettre plus profondément le doigt dans l’œil !”

Le 7 avril 1917, Montherlant écrivait encore ceci à son ami Faure-Biguet :

“C’est une sensation curieuse que de voir autour de soi tous les êtres qui, tout le long du temps, se sont mis le doigt dans l’œil en vous jugeant. Mais c’est bien plus amusant encore quand on leur fait mille courbettes, qu’on leur assène des “ vous qui me connaissez ”, et qu’on les voit gonflés de leur clairvoyance. Serrer la main, faire celui qui se livre, sembler attacher une grande importance à ce que dit un bonhomme qui, quelques années auparavant, a dit sur vous les bourdes les plus énormes, a lutté contre tout ce qui en vous est devenu le meilleur, a encouragé vos tendances les plus dangereuses, c’est de la haute volupté intellectuelle, c’est le point de fusion, où le dédain, forcé jusqu’à sa limite, finit par se changer en bienveillance.” (Les Enfances de Montherlant, par Faure-Biguet, op.cit, page 83).

Conclusion

Montherlant n’a jamais émis la moindre critique à l’égard du supérieur de Sainte-Croix, Pierre Petit de Julleville. La description dans La Ville et Les Garçons du supérieur Pradeau de La Halle, saint prêtre, un peu naïf, qui ne voit pas le mal où il est, est vraisemblablement proche du modèle.

Par contre le portrait très fouillé de l’abbé de Pradts mérite qu’on se pose la question : l’abbé de Pradts est-il l’abbé de la Serre ?
Mgr de la Serre très informé avait lu La Ville dont le prince est un enfant et il ne put s’empêcher de rédiger en 1955 dans son livre sur le Cardinal Petit de Julleville une note aigre sur Montherlant, parlant de conscience déviée de l’élève qu’il avait renvoyé !

Montherlant, jeune homme plein de fierté et d’orgueil, très sensible, a mis longtemps à “digérer” le renvoi de Sainte-Croix. Il n’avait que 17 ans en 1912 et la manœuvre de l’abbé de La Serre pour l’écarter du collège et de son ami Philippe Giquel fut une humiliation qu’il n’oubliera jamais. En outre, l’abbé de la Serre lui avait fait promettre de ne plus jamais rencontrer son ami, l’être qu’il aura le plus aimé de sa vie. Double blessure.

Mais il faut constater ceci :

L’abbé de Pradts ressemble-t-il physiquement à l’abbé de la Serre ?

Non car celui-ci n’avait pas un visage fin de Méridional, grisâtre, que couvrait un lacis complet de rides très minces, le front assez dégarni, de petits yeux étranges, gris-vert, perçants, un peu rapprochés l’un de l’autre comme ceux des singes. Le bas de son visage s’amincissait vivement comme si, lorsqu’il venait au monde, une main de médecin l’avait pincé entre ses doigts.

Cette description ressemble davantage à celle du visage de Petit de Julleville.

Fin museau renardin ? Oui, s’il s’agit de Petit de Julleville, non s’il s’agit de Barbier de la Serre.

L’abbé de Pradts est-il le double psychologique ou moral du futur Mgr de la Serre ?

Non, parce que :

  • Montherlant nous prie à plusieurs reprises de ne pas rechercher des similitudes.
  • Personne ne pourra jamais prétendre que l’abbé de La Serre fut un prêtre athée. Il était au contraire estimé et protégé par Mgr Petit de Julleville qui chercha toujours à le défendre et à lui confier des responsabilités. Mgr de la Serre finira sa vie dans l’effacement : prêtre retiré dans la province française, l’Orne, puis aumônier d’un couvent de religieuses. La crise de l’Eglise fut pour lui une réelle souffrance. Il a connu le Concile et Hochepied son biographe nous le décrit plus comme un fidèle à la Tradition qu’un moderniste conciliaire.
  • Le seul point difficile à contester est le renvoi de Montherlant par Petit de Julleville cédant à la demande de l’abbé de La Serre. L’abbé de La Serre on l’a vu est un homme d’ordre, chargé de faire le ménage à Sainte-Croix où les amitiés particulières ne sont plus tolérées. Il ne s’en est pas privé. Montherlant fut un des premiers renvoyés. D’autres suivirent, y compris Philippe Giquel.

Peut-on affirmer que l’abbé de La Serre était jaloux de Montherlant parce qu’ils aimaient tous les deux Philippe Giquel ? C’est ce qu’a affirmé Montherlant au travers de son personnage de l’abbé de Pradts, ce qui fut confirmé par certains de ses biographes. Parmi ceux-ci, le témoignage de Faure-Biguet, confident de Montherlant, dans son livre Les Enfances de Montherlant. Mais il n’y aura jamais de preuve écrite de cette jalousie sauf à retrouver un témoignage écrit de Philippe Giquel dont la fille Christine, qui vit encore, est l’unique (?) filleule de Montherlant.
Je pense que La Ville et Les Garçons permirent à Montherlant de se défouler du traumatisme vécu, où la colère n’est pas absente. Il a mis sur pied une œuvre catharsis pour extérioriser les souvenirs blessants et refoulés très longtemps. A la parution de La Ville dont le prince est un enfant, Montherlant est âgé de 55 ans et à celle des Garçons, de 64 ans. Avec ces deux chefs-d’œuvre, Montherlant réglera ses comptes en ne ménageant ni élèves ni professeurs, en disant sa vérité, sa bonne foi, son impression d’avoir été trahi par les autorités du collège à qui il avait fait confiance, tout en évoquant dans ces deux livres le souvenir de l’amour qui aura le plus compté dans sa vie.

Ce qui ne laisse pas d’étonner c’est que l’élève Montherlant renvoyé en mai 1912 après 9 mois de présence à Sainte-Croix est prié par Petit de Julleville toujours supérieur à Sainte Croix de prononcer au collège le 21 janvier 1920 le discours à la mémoire des élèves tués en 14-18, Montherlant étant le seul survivant de sa classe ! Cela montre que le futur cardinal Petit de Julleville n’avait pas gardé un mauvais souvenir de celui qu’il avait exclu à la demande du préfet de la Serre chargé de dépister les éléments suspects du collège ! Si l’abbé de la Serre avait été plus chrétien, plus humain, moins rigide, peut-être le jeune Montherlant ne se serait-il pas éloigné de l’Eglise ? Qui le sait ?
Mais le cardinal Petit de Julleville est un peu naïf d’écrire : “ Je ne me suis jamais désintéressé de Henry de Montherlant. Je n’ai jamais réussi non plus à lui faire saisir le sens chrétien de la vie… ”.
C’était beaucoup demander à Montherlant qui n’oublia jamais l’affront subi.

Bibliographie

  • François Hochepied, Mgr René de la Serre (1880-1969), Un éducateur conservateur et novateur, au Cerf, Paris, 2009.
  • Mgr de la Serre, Le Cardinal Petit de Julleville, Plon, 1955
  • Montherlant, Les Garçons et La Ville dont le prince est un enfant, Pléiades, Romans 2 et Théâtre, Gallimard et chez Folio Gallimard.
  • Napoléon Faure-Biguet, Les Enfances de Montherlant, chez Henri Lefevre, 1948
  • Christian Lançon, Philippe Giquel, le prince des airs, sur ce site http://www.montherlant.be/article_73_giquel.html
  • Cardinal Alfred Baudrillart, Les Carnets, Cerf, 9 volumes publiés entre 1996 et 2003
  • Allocution d’Henry de Montherlant en date du 21 janvier 1920 à l’Ecole Sainte-Croix de Neuilly (Montherlant, Essais, Pléiade NRF, note VI à la fin de La Relève du matin, page 164)
  • Armorial de France et Armorial de la noblesse française