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Articles sur Montherlant (hors presse)

54. Montherlant et Patrice de la Tour du Pin (1911-1975)

1. Biographie de Patrice de la Tour du Pin (Wikipedia)

 
 

Patrice de la Tour du Pin.

Issu d’une famille (les Marquis de la Tour du Pin, titrés : marquis de La Charce (par L.P. de 1619), marquis de Soyans (par L.P. de 1717), Pair de France marquis (par lettres du 17-8-1815), marquis de Gouvernet (1817), Pair de France héréditaire avec titre de marquis de La Tour du Pin (par lettres de Louis XVIII du 13 mars 1820), Marquis-Pair héréditaire (pour la branche de Soyans, le 28-4-1827), qui régna sur le Dauphiné du côté de son père et descendant de Condorcet par sa mère, il est né le 16 mars 1911 à Paris. Son père est tué à la bataille de la Marne dès le début de la Première Guerre mondiale. Il grandira élevé par sa mère et sa grand-mère, avec sa sœur et son frère aîné, entre Paris et Bignon-Mirabeau dans le Gâtinais.Il fait ses études à Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine, puis à Janson, et entre à l’École libre des sciences politiques. Il s’est fait particulièrement connaître à ce moment-là par la publication de Quête de joie à 19 ans. C’est Jules Supervielle, à qui il avait apporté son manuscrit, qui fit publier ce poème dans La Nouvelle Revue française. La Quête de joie est publiée aux éditions de la Tortue en 1933. Puis paraissent aux éditions de Mirages dirigés par Armand Guibert L’Enfer (1935) et Le Lucernaire (1936). Il commença aussi à publier des poèmes qu’il rassemblera en la Somme de poésie : Le Don de la Passion en 1937 dans le Cahiers des poètes catholiques, les Psaumes en 1938 chez Gallimard, La Vie recluse en poésie en 1938 chez Plon, Les Anges en 1939 chez Monomotapa à Tunis…

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut blessé et fait prisonnier dès le 17 octobre 1939. Il resta en Allemagne trois ans. À son retour, il épousa sa cousine Anne de Bernis, et continua à publier la Somme de poésie.

Après la guerre, il vécut avec sa femme et ses quatre filles au Bignon. Il continue à travailler discrètement sur la Somme qui ne sera publié dans son entier en trois volumes qu’en 1981-1983. Il s’installe en 1963 à Paris où il publie le Petit Théâtre crépusculaire, le début du troisième tome de la Somme de poésie.

 

Le Comte et la Comtesse de la Tour du Pin.

 

Il a joué aussi un grand rôle dans la rédaction d’une traduction de la Bible pour la liturgie catholique francophone, suite à la décision de Vatican II d’utiliser les langues vernaculaires pour la messe. Il participera particulièrement à partir de 1964 à la rédaction des psaumes dans le cadre de la Commission liturgique de traduction. Il a aussi rédigé un grand nombre des premiers chants liturgiques postconciliaires pour la liturgie catholique en langue française.

Il publie encore en 1970 Une lutte pour la vie (pour lequel il reçoit le Grand Prix catholique de littérature) et en 1974 Psaume de tous les temps. Il meurt à Paris le 28 octobre 1975.

2. Lettre de Montherlant adressée le 17 avril 1934 à Patrice de la Tour du Pin

Note préalable : Dans un livre publié par Gallimard en novembre 2010, dont le titre est Poèmes choisis de Patrice de la Tour du Pin (245 pages), on peut lire de nombreux poèmes retenus par la famille et les amis de l’écrivain. Cette anthologie est très belle. A la fin du livre, figurent des lettres d’admirateurs dont Gide, Claudel, Supervielle, Paulhan, Aragon et Montherlant, écrites dans les années 30 et 40.On comprend de suite l’admiration de Montherlant qui découvre immédiatement chez la Tour du Pin un poète inspiré comme lui par la nature, les animaux, la sensualité et le divin. Montherlant retrouvera cette grande poésie classique, fascinée par la beauté de la nature et des corps, et par la douleur, chez Marie-Noël (Marie Rouget) à qui il vouait une admiration totale, et qui est de la même famille d’esprit que la Tour du Pin.

 
 

Château du Bignon-Mirabeau (Loiret).
Résidence du poète Patrice de La Tour du Pin.

Montherlant aimait dire que pour lui les deux plus grands bonhommes de la littérature en France au XXème siècle étaient deux femmes : Marie-Noël et Colette.

Montherlant sera un des premiers écrivains français à remarquer et à encourager Patrice de la Tour du Pin.

Voici le texte de la lettre (avril 1934) de Montherlant à Patrice de la Tour du Pin :

Monsieur,

Vous êtes assurément un poète, et d’autant plus intéressant que j’ai su par M. Jaïs votre jeune âge, qui explique sans doute ce qu’il y a encore – me semble-t-il – de maladresse dans vos poèmes, mais vous ouvre tout l’avenir pour y devenir tout à fait maître de votre art. Vous êtes original. Vous avez créé une atmosphère. Votre poésie est pleine de mystère. Chaque poème pose non pas un problème pour l’intelligence, comme ceux de Valéry, mais une énigme à la sensibilité et au rêve. J’ai été particulièrement impressionné par votre leit-motiv, à travers plusieurs poèmes, de La Chasse aux Anges. Il y a dans un petit livre de moi, qui vient de paraître, un poème, Chant des Lamels, qui me semble avoir quelque analogie avec cela. On parlera de votre livre dans la revue d’art La Renaissance, je l’ai prêté à Mme Mathilde Pomès, amie à moi, qui y fait la critique. Croyez, Monsieur, à mes meilleurs sentiments.

Montherlant

3. Bibliographie de Patrice de la Tour du Pin

  1. Psaumes (1938)
  2. La Quête de Joie (1939)
  3. Une Somme de Poésie (1946)
  4. La Contemplation Errante (1948)
  5. Le Second Jeu (Une Somme de Poésie, II) (1959)
  6. Petit Théâtre Crépusculaire (Une Somme de Poésie, III) (1963)
  7. Petite Somme de Poésie (1967)
  8. Une Lutte Pour La Vie (1970), Grand Prix catholique de littérature 1971
  9. Psaumes de Tous Mes Temps (1974)
  10. Une Somme de Poésie (1981) :
    1. Tome I : Le Jeu de l’homme en lui-même
    2. Tome II : Le Jeu de l’homme devant les autres (1982)
    3. Tome III : Le Jeu de l’homme devant Dieu (1983)

4. Quelques études sur Patrice de La Tour du Pin

  1.  
     

    Patrice de la Tour du Pin.

    Colloque Patrice de La Tour du Pin, tenu à la Sorbonne le 21 et 22 novembre 1981, sous la direction d’Yves-Alain Favre, A.-G. Nizet, 1983.
  2. Patrice de La Tour Du Pin : La quête de joie au cœur d’Une somme de poésie, actes du colloque au Collège de France, 25-26 septembre 2003, réunis par Isabelle Renaud-Chamska, Genève, Droz, 2005.
  3. Béguin, Albert. “Approches de l’incommunicable”, Esprit, 128, 1946, pp. 881-888.
  4. Gauthier, Jacques. Patrice de La Tour du Pin, quêteur du Dieu de joie, Médiaspaul & Éditions Paulines, 1987.
  5. La Théopoésie de Patrice de La Tour du Pin, Montréal, Éd. Bellarmin, Paris, Éd. du Cerf, 1989.
  6. Le Han, Marie-Josette. Paradigme biblique et expérience poétique : l’exemple de Patrice de La Tour du Pin, Presses universitaires de Franche-Comté, Besançon, 2006.
  7. Leuwers, Daniel. “L’univers singulier de Patrice de La Tour du Pin”, La Nouvelle Revue française, 355, juillet-août 1982, pp. 159-163.
  8. Pietromarchi, Luca. Les Anges sauvages : la quête de joie de Patrice de La Tour du Pin, Paris : Champion, 2001. p. 300. Textes et études, vol. 37.

5. Sources

  • Patrice de la Tour du Pin, Poèmes choisis, Gallimard, 2010