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Articles sur Montherlant (hors presse)35. La colère d’Isabelle Rivière contre Montherlant en 1936
1. Qui était Isabelle Rivière (1889-1971), sœur d’Alain Fournier l’auteur du Grand Meaulnes ?Isabelle Fournier est née, de parents instituteurs, le 16 juillet 1889, à La Chapelle-d’Angillon, à la limite de la Sologne, trois ans après son frère Henri, qui sera connu sous le nom d’Alain Fournier, l’auteur du Grand-Meaulnes.
Terrassé par une fièvre typhoïde, Jacques Rivière meurt le 14 février 1925. En 1937, elle quitte Paris, s’installe à Dourgne, à proximité de ses enfants entrés en religion. Possédée comme son mari et son frère de la passion des âmes, elle a publié aussi quelques œuvres qui sont le fruit d’une méditation spirituelle. Elle était très croyante, idéaliste et exigeante. (Source : Le Livre de Poche, LGF) 2. La colère d’Isabelle Rivière contre Henry de Montherlant en 1936En 1936, Montherlant publie le premier tome de son plus célèbre roman Les Jeunes Filles (quatre tomes s’échelonneront, soit Les Jeunes Filles 1936, Pitié pour les femmes 1936, Le Démon du bien 1937 et Les Lépreuses 1939). Si les femmes s’arrachaient le livre, si de nombreuses lectrices, éblouies par le style et la féroce drôlerie des situations évoquées, étaient convaincues de la vérité de la thèse de Montherlant, d’autres qui exécraient l’œuvre et l’auteur ne se privèrent pas de vouer Henry de Montherlant aux gémonies. Elles lui collèrent la réputation de misogyne, d’ennemi des femmes… comme continue à le faire encore aujourd’hui le catalogue de la Pléiade (Gallimard) ! Les clichés sont tellement faciles pour définir un écrivain. Il n’est plus nécessaire de le lire. Parmi les ennemi(e)s les plus agressives de Montherlant, on compte donc les féministes et à leur tête, la plus célèbre, Simone de Beauvoir, la “Grande Sartreuse”. En effet, dans le numéro 725 des Nouvelles Littéraires du 5 juin 1936, - (dont le Directeur était à l’époque Maurice Martin du Gard) - , à la suite de l’enquête menée par une femme de lettres Janine Bouissounouse au sujet du 1er tome des Jeunes Filles, et des vives réactions que le livre a provoquées, elle organise une rencontre avec l’écrivain. Celui-ci pour montrer que parmi les lectrices, il a de ferventes admiratrices, communique à la journaliste une partie des innombrables lettres qu’il avait reçues, (les lettres qui lui ont paru n’avoir pas un caractère confidentiel). Il y a un échantillon équilibré de lettres mécontentes et de lettres enthousiastes. Et Montherlant ne peut s’empêcher de montrer à Janine Bouissounouse la lettre qu’il vient de recevoir d’Isabelle Rivière. Voici ce texte : “Vous êtes un goujat. Je vous le dis au nom des nombreux hommes qui n’auront pas le courage de vous le dire et de toutes les femmes qui, elles, craindraient que leurs lettres dûment maquillées, ne fussent présentées dans votre prochaine production comme un aveu de désir. Janine Bouissounouse constate après avoir lu la lettre : Le doigt sur ce fâcheux vallait, Montherlant sourit et commente : “Si mon livre n’a pas assez d’ailes, la lettre de Madame Rivière en a trop.” Et Montherlant poursuit en parlant des femmes qui lui écrivent : Le diable est que, si on leur a répondu une fois, elles vous récrivent toujours. Et alors, il faut briser, même si cela vous coûte. Car les femmes doivent bien se rendre compte qu’un romancier qui écrit un roman sur les femmes, comme Les Jeunes Filles, reçoit des centaines de lettres d’inconnues (…) Et qu’adviendrait-il de son temps, s’il se mettait à entretenir une correspondance avec chacune de ses amies inconnues ! N’oublions pas que, en fin de compte, la vie se réduit à une question d’heures. Le temps qu’un écrivain emploierait à répondre à ses correspondantes, serait autant de temps perdu pour le perfectionnement de son œuvre, qui, tout de même, est l’essentiel. Puisque j’ai dit : “Pitié pour les femme”, je dis aussi aux femmes : “Pitié pour l’écrivain !” |
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